La mutation de la filière automobile, une aubaine pour l’emploi

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La mutation de la filière automobile, une aubaine pour l’emploi
L’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique après 2035, actée par l’Union européenne, a mis un coup de boost à la filière automobile. Portée par l’électrification des véhicules, cette mesure va transformer l’emploi dans ce secteur pour les années à venir, avec une main-d’œuvre à trouver et à former différemment.
C’est le départ d’un voyage sans trajet retour. La prohibition de vente des véhicules thermiques à l’horizon 2035 en Europe et la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE) dans de très nombreuses villes françaises ont induit, à pas peut-être forcé, une mutation de la filière automobile vers de nouvelles mobilités. Elle a dorénavant l’obligation de se réinventer pour répondre aux enjeux de demain. Mais l’avenir de cette filière n’en est pas pour autant noirci. Au contraire selon plusieurs acteurs du secteur engagés dans la transition — industrie, recherche-enseignement, institutionnel — qui ont abordé cette évolution lors du 49e salon A3TS (Association des traitements thermiques et des traitements de surface) à Mulhouse.
Si l’impact sur les postes, de la fin de vente des automobiles thermiques en Europe, est souvent évoqué avec la perte de dizaines de milliers d’emplois. Plus rarement sont présentés, au-delà de l’enjeu des batteries, les opportunités et enjeux industriels associés au véhicule électrique. Pourtant, de très nombreux éléments de la chaîne de valeur participent au développement du véhicule du futur : chaîne de traction électrique, connectivité, conduite autonome, allégement des véhicules, recyclage des matériaux, stations de recharge, etc.
On pense toujours en premier lieu aux batteries, mais d’autres marchés en corrélation avec la transition de la filière automobile vont croître rapidement à l’image des moteurs électriques, de l’électronique de puissance ou encore connectique. Didier Neu, référent entreprises au sein du pôle véhicule du futur
De plus, de récentes études menées par la PFA, l’association qui réunit les acteurs de la filière automobile, montrent qu’un véhicule électrique intègre une valeur supérieure de près de 60 % à celle d’un véhicule thermique.

Plus d’expertises en électronique, moins en mécanique

Pour les équipementiers, à l’image de Lisi Automotive, spécialiste des fixations et systèmes d’assemblage, la mutation vers l’électricité va provoquer un certain de nombre de conséquences.
Il faut être réaliste, nous aurons des pertes de marché comme les vis de fixation moteurs. En revanche, cela va aussi générer de très nombreuses opportunités d’innovation : assemblage multimatériaux, connectivités renforcées, mécatronique embarquée. David Mercs, directeur général recherche innovation pour Lisi Automotive
Avec l’électrification, les savoir-faire évoluent. Dorénavant, il faudra plus d’expertises dans l’électronique et l’informatique et moins dans la mécanique. Ces tendances ont bien sûr un impact majeur sur les besoins en compétences, en qualification, en enseignement. Car tous les corps de métiers, des ouvriers aux ingénieurs, seront touchés. Mais en amont, on s’active depuis plusieurs années pour répondre à ces enjeux.
Des initiatives ont déjà été lancées pour rapprocher les mondes de la formation et de l’industrie, avec notamment la création des Campus des Métiers et des Qualifications. Et plus récemment par la mise en place des réseaux thématiques nationaux par regroupement de campus pour produire des formations adaptées aux besoins des filières industrielles.

Un manque de main-d’œuvre à venir

Mais pour que ces stratégies se relèvent totalement gagnantes, il faut contrer le manque de main-d’œuvre à venir.
Il existe un fossé entre la capacité des filières d’apprentissage à former des ingénieurs en France — estimée à 38 000/an — et les besoins évalués de l’ordre 50 000 à 55 000 personnes, toutes compétences confondues. Abdesslem DJERDIR, responsable du département énergie à l’Université technologique Belfort Montbéliard
Et si les ingénieurs formés dans les prochaines années doivent conserver un cœur d’expertise, les filières des transports vont demander des profils avec un spectre de compétence élargie leur permettant d’intégrer des équipes pluridisciplinaires. Le décloisonnement des équipes étant un facteur essentiel. Un ingénieur spécialiste en systèmes électriques devra ainsi pouvoir appréhender des problématiques matériaux, 4,0, mais également les sciences de l’environnement. D’après la PFA, « il y aura de plus en plus de porosité entre les secteurs notamment avec l’énergie et le recyclage. » Le projet France 2030 a d’ailleurs investi 2,5 milliards d’euros pour accompagner la transition de ces compétences.
L’attractivité de l’industrie vis-à-vis des jeunes est aussi un enjeu clé. « La perception de la filière automobile par la population est très bonne (75 %). Elle se situe en 3e position derrière l’aéronautique et l’électronique. Son image est toutefois un peu moins élevée, près de 2/3, auprès des jeunes, selon un sondage récent », Didier Neu, référent entreprises au sein du pôle véhicule du futur.
L’industrie doit donc encore travailler sur la communication de ses technologies et la finalité des pièces produites (Quels projets ? Quelles fonctionnalités ? Avec quel impact environnemental réduit ?), afin peut-être de réussir à changer la destination professionnelle de nombreux étudiants.